Aghurmi
Les Pirates de Barataria - tome 7
Scénario : Marc Bourgne
Dessin : Franck Bonnet
Couleur : Isabelle Charly
Glénat (2014)
En plein Sahara, autour de l’oasis de Siwa et de sa cité en ruines Aghurmi, les forces en présence fourbissent leurs armes : le colonel Boutin, autoproclamé « bey de Siwa », et sa centaine de mamelouks français, le gouverneur d’Egypte Mehemet Ali et son armée, les troupes de la Royal Navy guidée par l’agent Fitzpatrick et enfin, au milieu de tout ça, l’improbable couple formé par la jeune française Artémis Delambre et son garde du corps Charles François, dit « le dromadaire d’Egypte ».
Tout est prêt pour l’affrontement final, et pour la course-poursuite haletante en pleine Méditerranée qui le suivra…
Pour de basses raisons de dramaturgie, j'ai sali dans le second cycle des Pirates de Barataria la mémoire du colonel Vincent Yves Boutin. L'historien de formation que je suis en éprouve une certaine gêne, et je tiens ici à rendre hommage à cet acteur romanesque et néanmoins authentique de la geste napoléonienne. Un acteur dont Franck a dû imaginer le physique, car il n'existe aucun portrait de lui.
Né en 1772 près de Nantes, Boutin était un colonel français du Génie de la Grande Armée durant le Premier Empire. Par ailleurs, il remplit plusieurs missions d'espionnage en Afrique du Nord, dont une à la régence d'Alger en 1808 qui servit de plan d'invasion posthume lors de la conquête de l'Algérie par la France en mai 1830. C'est pourquoi son premier biographe, Léon Berjaud, l'a qualifié de "précurseur de l'Algérie française".
Devenu un spécialiste de l'espionnage dans les pays musulmans, Boutin fut envoyé par Napoléon en mission d'information en Egypte en 1811. Comme je le raconte dans le tome 5, Le Caire, il rencontra le vice-roi Mehemet Ali, visita le pays en compagnie de l'ambassadeur de France Drovetti et entra en contact avec les "mamelouks français", anciens soldats de l'expédition de Bonaparte restés dans le pays. Les rapports qu'il envoyait à Paris devenant de plus en plus rares, puis inexistants, la fin de sa vie est assez mystérieuse, ce dont j'ai profité pour imaginer sa dérive mégalomaniaque dans l'oasis de Siwa. On lui prête toutefois une liaison avec lady Esther Stanhope, qui fit mander une expédition punitive contre les coupables lorsque Boutin disparut après avoir été peut-être tué par des brigands Hashashins en Syrie, en 1815.
Nigel Fitzpatrick, lui aussi, existe réellement! Mais à la différence de Boutin, il est tout à fait contemporain! En effet, je me suis directement inspiré d'un ami britannique pour imaginer l'agent secret anglais qui pourchasse inlassablement la française Artémis. J'ai même gardé son prénom et son nom! Même chose pour son compagnon Steve Ward, qui incarne un lieutenant de la Navy... Ce n'est qu'à l'été 2013 que Franck a enfin rencontré, en chair et en os, deux de ses personnages: il dessinait jusque là Nigel et Steve à partir de photos que je lui avais données !